« Il y a dans la peinture de Lionel Stocard un glissement léger qui, des premiers passages, va doucement vers la fente primitive. Ce qui frappe ici ce sont ces figures immatérielles des débuts qu’on voit peu à peu disparaître (prises dans ce bleu typique, orné d’ocres) pour ne laisser sur la toile qu’une ouverture remarquable, qu’elle soit baignoire, couloir, soupirail, fissure ou fenêtre. C’est elle qui, maintenant, tient pour présence centrale. Comme un passage inévitable né des contrastes de trous et de lumière, d’eau et de feu, de terre et d’air. C’est un cheminement qu’on suit comme guidé par ces structures et ces ordonnances : puits, marches, murs, bassins…
Tout ceci nous mène vers une lumière. Une lumière créée par l’alchimie d’un bleu non pas de ciel mais de la terre et d’ocres magmatiques. Une construction architecturale venue d’une peinture comme volcanique aux éruptions relativement apaisées. Seul le peintre peut-être capable de réconcilier Vénus et Vulcain ? Par cette présence désolée mais fort des éléments, on se tourne à l’intérieur de soi pris par les liens inévitables d’une touche lisse, presque chirurgicale, et de rêves ordonnés et natifs. D’où la fente qui prime comme une grotte océanique qui attend, le feu enterré, mais tout prêt, la sublimation des corps à venir. »
Marjorie Cagnasso